Covid-19 : l’épidémie n'a pas provoqué une surmortalité significative en Corse

Rédigé le 18/11/2020
Julia Sereni

Après une accalmie estivale, la surmortalité rebondit de nouveau en France. Selon les chiffres de l'Insee le nombre de décès est reparti à la hausse depuis début septembre par rapport aux mêmes périodes de 2018 et 2019. Cette reprise qui coïncide avec l'arrivée de la deuxième vague de Covid-19, n'est pas confirmée en Corse où selon Quiterie Mano, épidémiologiste au sein de la cellule PACA/Corse de Santé publique France, la surmortalité en 2020 n'est pas significative .

Au 2 novembre en Corse, le nombre de décès cumulés depuis le 1er mars s’élevait à 2180. L’an dernier à la même époque, il était de 2079, soit 101 personnes de moins. L’île connait-elle une augmentation excessive de la mortalité en raison de l’épidémie de COVID-19 ?
Pour Quiterie Mano, épidémiologiste au sein de la cellule PACA/Corse de Santé publique France, « il n’y pas de surmortalité significative en Corse ». Pour elle, cette augmentation est à relativiser, d’autant que 2019 a été une année très basse sur la mortalité.
Par ailleurs, s’il y a bien eu trois semaines de surmortalité constatées notamment au mois de mars, les causes de décès ne peuvent pas de manière certaine être imputées à la COVID, selon l’épidémiologiste.
 

Des disparités au sein des chiffres
À l’étude de ces chiffres, on constate des disparités qui peuvent interpeller. Ainsi, en Corse, 64% des décès COVID constatés à l’hôpital sont des hommes, ce qui représente un ratio d’1,8 homme pour 1 femme.
Comment expliquer cette surreprésentation des hommes ?
 « L’explication, ce sont les facteurs de risques qui vont aboutir à ces décès » explique Quiterie Mano. « Sur les comorbidités principales, ce sont des maladies que l’on va plus retrouver chez les hommes : hypertension, surpoids… » précise t-elle. Cette même tendance se retrouve au niveau national, où 59% des décès COVID concernent des hommes.
 
De même, depuis le début de l’épidémie, qu’il s’agisse des hospitalisations ou des décès, on note une différence flagrante entre Haute-Corse et Corse-du-Sud, cette dernière étant plus touchée par le virus. Si pour la première vague, la situation pouvait s’expliquer par le cluster d’Ajaccio identifié en mars, en revanche, pour la deuxième vague, l’épidémiologiste indique « ne pas avoir d’éléments de réponse ».
 

Une situation stabilisée
Aujourd’hui, concernant la propagation du virus, la Corse se situe dans la moyenne : « On n’est pas la pire des régions, loin de là » relève Quiterie Mano. Une situation qui n’est pas vraiment nouvelle selon l’épidémiologiste : « La première vague a été très intense très rapidement avec le cluster sur Ajaccio mais après cela s’est largement atténué par rapport aux autres régions » analyse t-elle.

Alors, en Corse aussi, le pic épidémique serait-il passé, comme l’a annoncé le ministre de la Santé Olivier Véran ?
« Il semblerait que oui » indique Quiterie Mano, « le nombre de nouvelles contaminations diminue fortement grâce au confinement ». Néanmoins, la scientifique reste prudente : « On ne peut pas être sûr que ce soit le pic définitif » .  Car c’est du comportement de la population après le déconfinement que dépendra la situation future.

Et peut-être de l’arrivée du vaccin ?
« La vaccination pourrait jouer énormément » reconnait-elle.  « Mais avant que toute la population y ait accès, il y aura du temps. Il sera sans doute d’abord proposé aux personnes fragiles » .
Alors en attendant, pour l’épidémiologiste, « la solution, c’est le strict respect les gestes barrières ».