Corse : La présidence espagnole de l'UE sera-t-elle favorable à la "reconnaissance du fait insulaire" ?

Rédigé le 06/05/2023
Manon Perelli

La visite du Directeur général pour les relations extérieures du Gouvernement des Îles Baléares, Antonì Vicens i Vicens, et de l’eurodéputé Younous Omarjee, ce jeudi à Ajaccio a été l'occasion pour les différents élus insulaires de demander à nouveau l'adoption d'un pacte pour les îles. La prochaine présidence espagnole pourrait être de bon augure dans cette entreprise.

« Nous travaillons depuis des années pour que le fait insulaire soit mieux pris en compte par nos États respectifs et par l’Union Européenne. C’est un combat de longue haleine, difficile, où nous ne partions de rien ou presque ». Ce jeudi, dans les locaux de la Collectivité de Corse,  à l’occasion d’une visite d’Antonì Vicens i Vicens, Directeur général pour les relations extérieures du Gouvernement des Îles Baléares et de l’eurodéputé Younous Omarjee, président de la Commission du Développement Régional du Parlement Européen, le président du Conseil Exécutif, Gilles Simeoni, rappelait que malgré les dispositions prévues par l’article 174 du Traité sur le Fonctionnement de l’Union Européenne (TFUE) - qui prévoit qu’une attention spécifique soit accordée aux territoires insulaires- encore bien d’adaptations sont aujourd’hui effectives afin de permettre aux citoyens qui y vivent d’être sur un pied d’égalité avec les habitants du continent. Mais les choses pourraient bien changer prochainement. Le 1er juillet prochain, l’Espagne, État « sensible aux questions insulaires » prendra en effet la présidence du Conseil de l’Union Européenne. De quoi « permettre un alignement des planètes », selon le président du Conseil Exécutif.  
 
« C’est un moment important dans le marathon que nous avons commencé depuis des années pour atteindre nos objectifs. Nous sommes dans les derniers 100 mètres », a affirmé pour sa part Younous Omarjee. Le 7 juin 2022, l’élu réunionnais faisait adopter par 90% des députés européens son rapport sur « les îles de l’Union Européenne et la politique de cohésion ». Dans ce droit fil, avec l’arrivée de la présidence espagnole, l’adoption d’un Pacte pour les îles par l’Union Européenne est aujourd’hui espérée. « Les îles européennes n’ont pas bénéficié du traitement qu’elles méritent vis-à-vis de leurs particularitésLe monde entier accorde une importance nouvelle aux îles qui s’organisent et jouent un rôle majeur. Il serait curieux que l’Union Européenne ne regarde pas ces îles qui lui apportent tant », a-t-il affirmé en insistant : « Nous avons la conviction que le moment est venu pour que toutes ces propositions que nous avons formulées depuis des années se concrétisentPolitiquement, nous sommes de plus en plus fort. C’est pourquoi nous sommes optimistes pour que dans les mois qui viennent le Conseil Européen envoie un signal vers la Commission Européenne pour enfin marquer l’acte historique que nous attendons. Notre objectif final, c’est que les îles puissent bénéficier d’adaptations et obtenir les dérogations qu’elles attendent ».
 
Younous Omarjee a par ailleurs profité de ce moment pour adresser un message au Président de la République, Emmanuel Macron, l’appelant à se saisir des propositions formulées par les îles et à les appuyer au sein du Conseil Européen. « La France est plus forte avec ses îles », a-t-il martelé. « D’ici la fin de l’année, nous espérons avoir fait acter la reconnaissance du fait insulaire », a glissé de son côté Gilles Simeoni.